« Poissons volants » : Un incubator de morphogenèse au 6b de Saint-Denis

« Poissons volants » : Un incubator de morphogenèse au 6b de Saint-Denis

15 JUIN 2019 | PAR YULIYA TSUTSEROVA
 

Du 14 au 27 juin 2019, l’exposition « Poissons volants » au 6b de Saint-Denis, conçue par Sophie BOSSELUT et Sarah COHEN, présente des découvertes et des formes émergentes où les « accidents » de la nature mettent en question les « règles » de la création artistique et évoquent le chaos primordial en tant qu’atelier originel des idées et des formes.

De l’extérieur, le 6b, au 6-10 Quai de la Seine à Saint-Denis, est un bâtiment sévère en béton tout rectiligne et angles droits, mais à l’intérieur, c’est une cachette secrète des spécimens biomorphes de toutes régions du « vivant » : le corps humain, les formations géologiques, marines et végétales, les ondes du spectre chromatique, les dynamiques des fluides et des gazes. L’exposition « Poissons volants » jouit de juxtapositions délicieusement incongrues qui éclatent en des nouvelles symbioses brouillant les distinctions entre le naturel et l’artificiel, l’indigène et le repiqué, l’ordonné et le résistant. Les possibilités formelles et poétiques déclenchées par ces rencontres fortuites sont d’envergure kaléidoscopique et suscitent, chez les spectateurs, un renouveau du sentiment d’émerveillement devant les processus de la conception et la naissance de toute forme d’existence.

Pour commencer, une piquante « Arcadie » de Benjamin GIRARD (qui fait partie de sa série To Blow, 2018-2019) dépose l’obélisque noir de Kubrick juste au bord d’une clairière lumineuse de Poussin : après tant de menaces, le genre humain est enfin hors de vue, et l’obélisque profite d’une retraite bien méritée en communion idyllique avec la nature.

Le noir absorbe non seulement toutes les couleurs dans le petit cocon crée par Cécile HENRYON(Hypersensibilité (série), 2018) : cette fois-ci, c’est l’être humain qui est envahi par la nature. Il est invité à profiter d’un « filtre » pour trier ses sensations, aiguiser ses perceptions, et recalibrer le rapport de l’intérieur à l’extérieur qui lui est propre.

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